Julie Abrial
Tu es au milieu d'un champs de tulipes, ces tulipes paraissent irréelles à cause de leur couleur : du rose, du bleu pastel, du pauve pastel, du jaune pastel...
Tu sens une douce brise souffler contre ta peau exposée au soleil, tes cheveux volent au vent en même temps que les tulipes dansent en une douce mélodie. Tu replaces une mèche rebelle derrière ton oreille et tu observes au loin.
En face de toi, tu vois un grand moulin. Celui-ci est tout blanc, si ce n'est de légers ornements bleus. Les voiles de ce moulin sont issues d'un tissu blanc. De là où tu es, tu ne distingues pas très clairement les dessins sur les voiles mais aux couleurs, tu imagines que ce sont des fleurs sur leur longueur.
Tu restes un moment à les regarder tourner doucement, au gré de la douce brise d'été.
Puis finalement, ton regard se dirige vers la droite : une jeune fille s'amuse à lancer une balle à son chien qui court la chercher. La première chose que tu remarques est sa robe blanche lui arrivant aux genoux, puisq tu lèves ton regard vers ses cheveux blonds. Elle retient de justesse son chapeau de paille quand il manque de tomber ; elle avait un air angélique avec les fleurs qui l'ornaient tel un ruban.
Inconsciemment, tu t'approches et tu l'observes jeter la balle à nouveau tout en carressant les tulipes sur ton passage. La sensation des pétales fraichement arrosées par la rosée du matin t'avait manqué ; tu fermes un moment les yeux, envahie par les doux souvenirs d'antant.
Quand tu les rouvres, tu vois le chien courir vers sa maîtresse pour lui ramener la balle mais, au dernier moment, il la contourne et se précipite vers un petit espace clôturé.
Tu l'entends crier le nom de son chien avant de le tirer hors de son petit jardin en construction - tu te souviens de son projet d'y planter de nouvelles tulipes. Il était hors de question que son chien y enterre son jouet.
Un sourire se dessines sur tes lèvres quand tu les vois s'allonger dans l'herbe. Tu les rejoins enfin ; en arrivant, tu fais de l'ombre à la petite fille qui ouvre un oeil. En t'apercevant, elle t'offre un grand sourire et te tend la main pour t'inciter à t'allonger à ses côtés.
Tu t'allonges et tu arraches discrètement un brin d'herbe chatouillant ton oreille. Vous vous regardez une dernière fois, elle te lance un dernier sourire et tu tournes la tête vers le ciel pour laisser ton visage se noyer sous les rayons du soleil.
Enfin, sous les piallements du band d'oiseaux passant au-dessus de vous, tu finis par t'endormir avec un sourire aux lèvres.
Toi qui me rassuraois lors des nuits les nuits les plus sombres ; toi qui créais de nouveaux éclats de lumière dans mes yeux ; toi que j'entendais presque chanter les paroles que je désespérais d'entendre.
Lors de mes vaines tentatives pour dormir, tu éclairais ma chambre de tes doux rayonnements et me berçais, comme pour me montrer que je n'avais pas de raison d'avoir peur. Je n'étais pas seule, tu étais là. C'était comme si je pouvais deviner ta silhouette au bord de ma fenêtre et, soulagée, je m'endormais avec le sourire aux lèvres.
Alors qu'en plein jour je paraissais aussi forte que le soleil, dès que l'orbe éblouissante déclinait je m'autorisais à noyer mon sourire. Rien ne pouvait alors balayer les images qui embrumaient mon esprit et qui dansaient mollement devant mes yeux, comme un disque rayé. Mais encore une fois, tu étais là.
Tu étais là quand elle est partie sans que je lui dise au revoir, et pour me rattraper, je t'ai chuchoté les mots d'amour que je n'ai jamais eu le courage de lui dire. Je t'ai personnifiée, je t'ai donné un visage qui était le sien et une voix aussi ressemblante que je pusse m'en rappeler. J'ai été en colère contre toi, je t'ai aussi dit des choses horribles en oubliant que tu n'étais pas elle. Tout ce temps, tu as été son remplacement car tu étais aussi silencieuse et inatteignable qu'elle. Tu as suivi toute l'évolution et les révélations. Tu as éclairé mes larmes pour tenter de les faire sécher aussi bien que le faisait le soleil, tu as éclairé mes paroles pour les rendre moins sombres, tu as éclairé mon âme pour percer le brouillard qui s'accumulait devant mes yeux et qui étouffait mon esprit, tu as éclairé mon coeur pour que je vois les barbelés qui l'étraignaient et le libère, tu as éclairé ma solitude pour que je l'entende me dire que tout va bien, pour que je commence à me dire la même chose.
La nuit, tu caressais ma joue pour que je sourisse inconsciemment. Le jour, tu suppliais le soleil d'envoyer ses rayons m'embrasser pour que mes yeux deviennent plus joyeux, des joyaux que tu chérissais quand je revenais me confier à toi le soir, quand je t'annonçais que j'avais toujours aussi mal mais que ça irait mieux dans pas longtemps.
Tu m'observais discrètement chaque soir quand je ne te parlais pas. Tu revenais à moi quand tout s'effondrait autour de moi. Ta lumière me dessinait des solutions et je te chuchotais mon coeur. Je n'avais pas de journal intime parce que je t'avais toi ; tu écoutais mes douloureuses mélodies et mes remontées dynamiques avec toujours cette même lumière que j'aimais tant.
À force, j'ai moi aussi pris l'habitude de t'accompagner une bonne partie de la nuit. Etant désormais ce que l'on pourrait qualifier d'oiseau de nuit, je repousse le jour pour profiter de la sérénité que me procure ta compagnie. J'ai aujourd'hui tant d'affection pour toi qu'il m'arrive de m'arrêter dans ce que je fais pour admirer tes changements et tes détails. Quand le ciel est dégagé il m'est plus facile d'observer tes couleurs et je m'imagine les peindre. Je m'imagine un tableau te rendant gloire mais que je ne réaliserais jamais de peur d'entâcher ta beauté.
Aujourd'hui, plus solide qu'auparavant et plus enracinée au sommet, lorsque je me confie de nouveau à elle, souvent d'un simple regard, je fais toujours en sorte de lui sourire pour la remercier parce qu'avant d'être cet objet céleste, la Lune est pour moi un compagnon de misère qui accepte de recevoir toute ma haine qui ne lui est pourtant jamais destinée et qui, chaque soir, m'éclaire pour me prouver que même si tout va mieux, elle continue de me protéger.